Plaidoyer pour l’allaitement
Il y a quelque temps, on m’a demandé si je voulais bien écrire un plaidoyer pour l’allaitement maternel.
J’ai dit oui, bien sûr. Et puis, je me suis demandé : l’allaitement a-t-il besoin d’un plaidoyer ? A-t-il besoin d’être défendu ?
Après tout, n’est-ce pas simplement la façon normale, physiologique, de nourrir un bébé ?
Les innombrables études des vingt dernières années ne montrent-elles pas tous les bénéfices pour le bébé d’être allaité, pour sa mère d’avoir allaité, pour l’adulte d’avoir été allaité ?
Assurément. Mais l’information est encore loin d’être répandue partout. On lit, on entend encore trop souvent que certes, l’allaitement, c’est bien, mais le biberon, c’est aussi bien ; que l’allaitement, ça fatigue, ça fait mal, ça exclut le père ; qu’on peut ne pas avoir assez de lait ou un lait pas assez riche ; qu’il faut arrêter d’allaiter si on a la fièvre. Etc., etc. [1]
Alors finalement, il n’est pas inutile de répéter que :
L’allaitement, c’est bon pour la santé de l’enfant. À court terme, et à long terme. Un exemple parmi beaucoup d’autres : une étude, faite en 2006 sur plus de 15 000 enfants âgés en moyenne de 9 à 14 ans, a montré que l’allaitement maternel exclusif diminuait le risque de surpoids dans l’enfance de 44 % par rapport à une alimentation artificielle exclusive.
L’allaitement, c’est bon pour la santé de la mère. Là aussi, je ne donnerai qu’un exemple : une étude faite en 2005 a montré qu’avoir allaité diminuait le risque d’apparition d’un diabète de type II, et ce d’autant plus qu’on a allaité longtemps (les femmes qui avaient allaité pendant au moins un an avaient environ 15 % de moins de risques de développer un diabète de type II que celles qui n’avaient pas allaité du tout, et chaque tranche de douze mois d’allaitement supplémentaire diminuait le risque de 15 %).
L’allaitement, c’est bon pour le plaisir. Pour le bébé, la tétée est une expérience sensitive, sensuelle, relationnelle et affective totale, où tous ses sens, et aussi son besoin d’amour et de relation, sont comblés. Pour la mère : plaisir des sens, plaisir de la détente et de la relaxation induites par la tétée (grâce notamment aux endorphines et à l’ocytocine), plaisir de se réaliser, de réussir par soi-même, plaisir de donner, plaisir de voir l’enfant grandir et se développer en bonne santé, plaisir de faire plaisir…
L’allaitement, c’est bon pour la planète. Le lait de femme est une ressource naturelle et renouvelable. Il est fabriqué par les mères dans les quantités exactes que réclament les bébés, sans gaspillage et sans peser sur l’environnement comme le fait l’alimentation artificielle qui nécessite de l’eau, de l’énergie et des emballages.
Alors oui, allaiter, c’est (bio)logique et c’est (éco)logique !
[1] Sur tous ces mythes, voir mon ouvrage Les 10 plus gros mensonges sur l’allaitement (Dangles, 2006).
Illustration : Hugues Merle, Mère et enfant, 1955, détail.