Préface à « Paroles de parents »
Ma préface au recueil de témoignages sur l’allaitement, par Chloé Degrand.
Disponible en version numérique, en attendant la version papier !
Depuis ses débuts il y a plus de 60 ans, La Leche League s’est toujours appuyée sur l’expérience des femmes pour dire les meilleures façons de « réussir » (ou de « rater »…) son allaitement. Ses publications, notamment Allaiter aujourd’hui dont je suis la rédactrice en chef, sont pleines de témoignages de mères sur leurs joies, leurs peines, leurs doutes, leurs certitudes, leurs galères, leurs douleurs, leurs victoires, leurs accomplissements, leurs fiertés…
Je ne peux donc que me réjouir de voir publié ce recueil de « paroles de parents » (car les pères ont aussi leur mot à dire en la matière !).
J’ai apprécié la grande diversité des expériences de ces mères (et aussi les photos : mention spéciale pour celle de la page 113, l’ancienne prof de yoga que je suis apprécie !).
J’ai regretté, comme souvent hélas, le manque de soutien et d’informations correctes dénoncé par tant d’entre elles. Aboutissant encore trop souvent à un échec. Je suis d’accord avec Aurélie quand elle dit qu’ »il semble parfois tellement plus facile de rater un allaitement que de le réussir »…
J’ai été admirative, comme souvent également, de la force des femmes qui arrivent à surmonter des difficultés plus ou moins grandes (et parfois vraiment grandes !) pour réussir leur projet d’allaitement. De vraies guerrières, comme Marie-Camille qui écrit : « Je me suis battue pour conserver mon allaitement. Je ne me suis pas donné d’autre choix. Je ne me suis pas autorisé l’échec. »
Quand je lis des récits d’allaitement, j’ai souvent l’impression de voir un film hollywoodien où le héros part à l’aventure, rencontre des obstacles, doit combattre durement pour les surmonter, et finit par sortir victorieux (et changé) de l’épreuve. C’est bien ainsi que Marie l’a vécu : « Si je n’avais pas osé entreprendre cette aventure, je n’aurais jamais su si j’étais capable d’allaiter, et je l’aurais regretté toute ma vie. Cela a été une épreuve qui m’a permis de devenir pleinement mère et femme à mes propres yeux. J’avais besoin de ça, et j’ai réussi ! »
Mais j’aimerais tellement que les femmes n’aient plus à se battre pour bien démarrer leur allaitement, n’aient plus à chercher les informations que devrait avoir leur médecin, n’aient plus à batailler contre leur entourage, n’aient plus à se justifier pour continuer à allaiter au-delà des premiers mois…
Peut-être n’y aurait-il plus alors autant de témoignages (vous savez, « les peuples heureux n’ont pas d’histoire »), mais ce serait tellement bien que l’allaitement coule (enfin) de source !