Pour une formation adaptée des soignants sur l’allaitement

Pour une formation adaptée des soignants sur l’allaitement

Texte écrit en 2014 en soutien à la pétition Droit au Soutien à l’Allaitement Maternel. Toujours d’actualité hélas, si l’on en croit le post de blog de Docteur Mamangue sur la non-formation des médecins français à l’allaitement maternel.

On sait que l’enseignement reçu par les professionnels de santé au sujet de l’allaitement est pour le moins succinct (une heure et demie pour les médecins pendant toutes leurs années d’études) et parfois inexact, non fondé sur les recherches les plus récentes en matière d’anatomie-physiologie de la lactation.
Résultat : de nombreuses femmes souhaitant allaiter ne reçoivent pas l’information et le soutien dont elles auraient besoin pour bien démarrer l’allaitement et pour le poursuivre dans de bonnes conditions.

C’est souvent dès la maternité que les choses se gâtent : quand le professionnel ne sait pas observer une tétée et voir si la succion est efficace ou pas, et que la mère sort avec un bébé qui ne tète pas vraiment et ne va pas prendre de poids ; quand un frein de langue court n’est pas diagnostiqué et coupé, entraînant douleurs de mamelons et faible prise de poids ; quand la mère reçoit le conseil de limiter les tétées, que ce soit en nombre ou en durée, etc.

Par la suite, le manque de formation des professionnels de santé continue à avoir des conséquences dommageables sur l’allaitement : chaque jour, des mères allaitantes et des enfants allaités sont mal diagnostiqués et/ou mal soignés, voire pas soignés du tout.
Mal diagnostiqués parce que l’allaitement opère très souvent comme un rideau de fumée qui empêche, évite ou donne une excuse pour ne pas aller voir derrière. C’est le bébé qui ne prend pas de poids, bien sûr parce que le lait de sa mère n’est pas suffisant, alors qu’il a peut-être une infection qui l’empêche de grossir. C’est la femme anormalement fatiguée à qui le médecin dit qu’il suffirait qu’elle arrête d’allaiter, alors qu’elle souffre d’hypothyroïdie ou est gravement anémiée. Etc., etc.
Mal soignés parce que les médecins se contentant, en matière de pharmacopée, de regarder dans le Vidal, croient presque tous les médicaments incompatibles avec l’allaitement, et refusent donc de les prescrire si la mère n’arrête pas – totalement ou temporairement – l’allaitement (alors qu’il leur suffirait de connaître des sources d’information fiables, comme le site lecrat.org ou la brochure Médicaments et allaitement de LLL France, pour savoir quoi prescrire).
Pas soignés si la mère refuse d’arrêter l’allaitement et préfère ne pas se soigner, au risque de compromettre plus ou moins gravement sa santé.

Heureusement, depuis quelques années, un certain nombre de professionnels de santé ont entrepris de se former sur le sujet, soit en suivant des enseignements ad hoc (DIU de lactation humaine, préparation à l’examen de consultante en lactation), soit en assistant à des formations dispensés par des organismes spécialisés (Am-F, Co-naître…).
Espérons qu’ils seront de plus en plus nombreux à entreprendre une telle démarche, et espérons aussi que l’enseignement dans les facultés de médecine, les écoles dentaires, les écoles d’auxiliaires de puériculture, etc., soit enfin à la hauteur de l’enjeu : permettre à toutes les femmes qui choisissent d’allaiter leur bébé de recevoir les conseils et les informations exactes leur permettant de réussir.

A propos de l'auteur

Claude Didierjean-Jouveau

Animatrice de La Leche League France, rédactrice en chef de la revue "Allaiter aujourd'hui !" Auteur de plusieurs ouvrages sur l'allaitement, la naissance et le maternage.

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