Couches jetables, couches lavables, sans couches ?
Extrait de l’Album tendresse de la nouvelle maman.
À leur apparition dans les années 1970, les changes complets jetables sont apparus comme un grand progrès et une libération. Mais depuis quelques années, un certain nombre de parents s’interrogent : n’auraient-ils pas finalement plus d’inconvénients que d’avantages ?
Du coup, les couches lavables (qui, soulignons-le, n’ont plus grand-chose à voir avec ce qui se faisait dans les années 1950) font un retour en force. Même si leur utilisation reste encore très minoritaire en France (alors qu’en Allemagne, elles sont majoritaires depuis quelques années), les sites et boutiques Internet qui en proposent se multiplient.
À leur actif :
- Le coût : on calcule que pour un enfant, on peut économiser, jusqu’à l’acquisition de la propreté, de 500 à 900 euros ; et, comme on peut les réutiliser pour les enfants suivants, l’économie est encore plus substantielle.
- L’absence de produits chimiques, notamment le polyacrylate de sodium contenu dans le gel absorbant des couches jetables, dont l’innocuité n’est pas garantie.
- Leur impact sur l’environnement considérablement moindre que celui des couches jetables qui peuvent mettre des dizaines, voire des centaines d’années à se dégrader dans la nature ; quand on sait que, pour chaque enfant, cela correspond à plus d’une tonne de déchets résidus jusqu’à ses deux ans et demi, on imagine ce que cela représente à l’échelle de la planète…
Plus radicaux encore, certains parents ont entrepris d’élever leur enfant sans recourir du tout aux couches, se fiant à leur capacité à reconnaître les signaux envoyés par celui-ci quand il a besoin d’éliminer (voir l’ouvrage d’Ingrid Bauer, Sans couches, c’est la liberté ! À la redécouverte de l’hygiène naturelle du bébé, éditions L’Instant présent, 2006).
Mise à jour du 23/01/2019. L’avis et le rapport d’expertise de l’ANSES publiés ce jour, Sécurité des couches pour bébés, ne donnent pas vraiment envie de continuer à utiliser les couches jetables du commerce. « L’Anses a identifié une soixantaine de substances chimiques, dont du glyphosate, le fameux herbicide de Monsanto. Mais aussi des pesticides interdits depuis plus de quinze ans, comme le lindane, le quintozène ou l’hexachlorobenzène. Et de nombreuses substances parfumantes, comme l’alcool benzylique ou le butylphényl. Ou encore des polychlorobiphényles (PCB), des dioxines, des composés organiques volatiles (naphtalène, styrène, toluène, etc.), des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), que l’on retrouve habituellement dans la fumée de cigarette ou des moteurs diesel. Certains de ces agents ayant des effets cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques démontrés ou étant considérés comme des perturbateurs endocriniens, les risques liés à leur exposition ne se bornent pas à de simples irritations cutanées. Des « dépassements des seuils sanitaires » (calculés notamment sur la base des valeurs toxiques de référence) ont été mis en évidence pour plusieurs substances, dans des conditions d’usage dites « réalistes« , soit un total d’environ 4 000 couches utilisées en moyenne pour un enfant jusqu’à l’âge de 3 ans. Il s’agit de parfums (butylphényl methylpropional ou Lilial, hydroxyisohexyl 3-cyclohexène carboxaldéhyde ou Lyral), de nombreux HAP, comme le benzopyrène, des dioxines, furanes et PCB-DL. » (Du glyphosate et des substances chimiques dangereuses dans les couches jetables pour bébés, Le Monde, 22/01/2019)
Dessin de Daphné Dejay pour l’Album tendresse de la nouvelle maman