Les hormones de l’allaitement
Lorsqu’une femme allaite, elle est comme « inondée » d’hormones, au premier chef la prolactine et l’ocytocine, qu’on a pu appeler « hormones de maternage ».
On s’est longtemps surtout intéressé à la prolactine, dont on a pu montrer que « partout où des mères ou des allomères sont motivées pour protéger ou nourrir des petits, on détecte la présence de forts taux de prolactine » [1]. De nombreuses expériences ont été faites chez les animaux, montrant que lorsque les mâles sont fortement impliqués dans le maternage, ils ont des taux de prolactine élevés. Et ce n’est pas vrai que chez les mammifères ! Savez-vous par exemple que « chez des oiseaux comme les pigeons, les colombes, les pingouins empereurs et les flamants, la prolactine stimule aussi bien chez les mâles que chez les femelles la production de « lait végétal », soit une décoction crémeuse de nourriture partiellement digérée » [2], destinée aux poussins fraîchement éclos.
Depuis quelques années, on s’intéresse également beaucoup à l’ocytocine. Son étude occupe des chercheurs à plein temps, et les études la concernant rempliraient maintenant des pans entiers de bibliothèque (sans compter les pages internet : un site lui est entièrement consacré [3]). Toutes ces études montrent que l’ocytocine – en plus de son rôle primordial dans la vie sexuelle et reproductive (orgasme, contractions de l’accouchement, réflexe d’éjection du lait) – est associée à la capacité d’entretenir des relations interpersonnelles de qualité, c’est un médiateur des expériences émotionnelles dans les relations proches. Comme l’écrit Sarah Blaffer Hrdy, « l’hormone de la naissance rapide est aussi profondément impliquée dans des réponses plus subjectives – l’afflux de sensations douces qui envahissent la mère qui allaite, la levée des inhibitions lorsque deux mammifères sont assis côte à côte ou se toilettent mutuellement, ou lorsque des compagnons de longue date se serrent ou se frottent l’un contre l’autre. Les niveaux d’ocytocine montent chaque fois que quelqu’un reçoit un bon massage ».
Ces hormones aident donc à faire des soins au bébé quelque chose de plaisant et d’agréable. On sait également qu’elles aident la mère à être plus détendue, moins sujette au stress. Et n’oublions pas que le bébé lui aussi baigne dans ce bain d’hormones, et que cela a des conséquences sur son comportement à lui aussi.
[1] Sarah Blaffer Hrhy, Les instincts maternels, Payot, 2002.
[2] Ibid.
[3] www.oxytocin.org
Extrait de L’allaitement de A à Z, collection 1001 bébés, Érès, 2018.