Des goûts et des couleurs du lait de femme
Quiconque a déjà vu du lait de femme a pu constater que selon les jours, selon les moments de la journée…, il a des aspects différents, et qu’il n’est pas du même blanc que le lait de vache du commerce.
Mais savez-vous pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est plus pauvre en caséine (et donc beaucoup plus digeste). En effet, cette grosse molécule s’agglomère à ses homologues pour former des micelles qui réfléchissent la lumière en blanc.
Il peut être plus ou moins translucide selon sa teneur en graisses, qui change au cours de la tétée. Quant aux changements de couleur, ils semblent surtout liés à la présence de colorants alimentaires (naturels ou artificiels) ou de certains médicaments dans la diète de la mère. C’est ainsi qu’une couleur verte peut être due à des boissons contenant un colorant vert, à des algues (surtout en comprimés), à certains types de vitamines… Le lait peut aussi être bleuâtre, rosâtre, jaunâtre… (sans parler de la belle couleur jaune orangé du colostrum).
Une fois tiré, le lait maternel, n’étant pas homogénéisé, va voir ses constituants se séparer, la crème surnageant et le reste du lait ressemblant à de l’eau. Il suffira d’agiter doucement le récipient avant de donner le lait au bébé.
Pour ce qui est du goût, tout le monde ne s’accorde pas pour le qualifier : certains vont parler d’un goût de noisette, d’autres de saveur sucrée, des enfants vont dire qu’il est « meilleur que la crème glacée » (!). Et n’oublions pas que le lait prend le goût des aliments ingérés par la mère. Plus ou moins (selon la quantité de principes volatils que contient l’aliment) et plus ou moins rapidement (selon une étude [1], c’est la saveur banane qui gagne la course !).
Dès sa naissance (et même avant, puisque ce qui est vrai du lait maternel l’est aussi du liquide amniotique), le bébé est donc invité à la table familiale. Et l’on sait qu’il apprécie ces goûts, mêmes prononcés. On a par exemple demandé à des mères d’absorber des capsules d’ail. Une heure ou deux après, le lait avait une odeur d’ail, mais les bébés, loin de faire la grimace, ont tété davantage et consommé plus de lait !
Aucune raison donc d’éviter certains aliments parce qu’ils « donnent du goût au lait », comme on le croyait autrefois.
[1] Hausner H et al, Differential transfer of dietary flavour compounds into human breast milk, Physiology & Behavior 2008 ; 95(1-2) : 118-124.
Extrait de L’allaitement de A à Z, collection 1001 bébés, Érès, 2018.