Les facteurs anti-infectieux du lait de femme
Le lait maternel ne se contente pas de faire grossir et grandir harmonieusement le bébé, il le protège aussi de nombreuses agressions, grâce aux très nombreux facteurs de défense qu’il contient (particulièrement concentrés dans le colostrum). Les fameux anticorps, bien sûr, mais aussi : leucocytes, lactoferrine, lysozyme, caséine, fibronectine, protectine, mucine, lactadhérine, agents antioxydants, cytokines anti-inflammatoires, nucléotides, lymphocytes, enzymes comme la catalase, oligosaccharides…
D’ailleurs, pendant des siècles, le lait de femme a été utilisé (et continue à l’être dans certaines régions du globe) pour soigner les infections des yeux et des oreilles. Ses utilisations actuelles sont très variées. Voici quelques-unes des indications du don de lait humain listées par la HMBANA (Human Milk Banking Association of North America, l’association des lactariums nord-américains) : prématurité, malabsorptions d’origines variées, insuffisance rénale, intolérances alimentaires, déficits héréditaires du métabolisme, nutrition post-chirurgicale, pathologies cardiaques, enfants gravement brûlés, aide à la cicatrisation après chirurgie digestive lourde, troubles immunitaires graves, transplantations, pathologies intestinales auto-immunes, utilisation préventive chez des patients à haut risque pour la maladie de Crohn, les colites inflammatoires, prévention des infections pendant les traitements immunosuppresseurs.
Il faut le voir pour le croire : en 2017, une photo, postée sur Facebook par une étudiante anglaise en biologie, a fait le buzz (voir la photo ci-dessous). On y voyait neuf boîtes de Petri complètement colonisées par la bactérie Micrococcus luteus, sauf en leur centre où de minuscules gouttes de lait humain avaient créé autour d’elles comme un « mur de protection » [1]. Le même résultat a été obtenu avec l’Escherichia Coli et le Staphylocoque doré. Détail intéressant : les échantillons de lait provenaient de deux femmes, la première allaitant un bambin de 15 mois et la seconde un enfant de 3 ans. Les propriétés anti-infectieuses du lait humain ne diminuent pas avec le temps !
Ces propriétés, ainsi que les facteurs de croissance qu’il contient, en font aussi, en application externe, un bon topique pour nombre d’affections dermatologiques et comme aide à la cicatrisation.
[1] Photo of Breast Milk Repelling Harmful Bacteria Goes Viral
Extrait de L’allaitement de A à Z, éditions Erès, 2018.
Voir aussi Le lait maternel : une « notice d’utilisation »
Dernière nouvelle (24/09/2018) : Les bactéries résistantes aux antibiotiques sont moins nombreuses chez les bébés allaités au moins six mois : « Our results indicate that breastfeeding for at least 6 months, which is known to have many health benefits, reduce the abundance of Gammaproteobacteria and conversely increase the abundance of Bifidobacteria, could thus also be promoted for the reason that it potentially reduces the antibiotic resistance gene load in the infant gut. » (Maternal gut and breast milk microbiota affect infant gut antibiotic resistome and mobile genetic elements)