Le sommeil des bébés en 4 points
Le n° 18 de Peps (printemps 2017) comporte un bon dossier sur « Faites-vous vos nuits ? Le sommeil en question ».
J’y signe une page sur « Le sommeil des bébés en quatre points » (la commande qu’on m’a faite était de dire en 2 000 signes « quelles sont, selon (moi), les 4 ou 5 informations importantes à dire aux parents concernant le sommeil de leurs bébés ? »).
Voici donc ces 4 points.
- En phase de sommeil paradoxal (qu’on appelle « sommeil agité » ou « sommeil actif » chez les nouveau-nés), le réveil est difficile chez l’adulte, alors qu’il est facile chez l’enfant. Or ces phases sont plus nombreuses chez le bébé que chez l’adulte, puisque ses cycles sont plus courts (50 minutes contre 90 à 120 minutes). Elles sont aussi plus longues : la proportion de « sommeil agité » (qui joue un rôle crucial dans le développement du cerveau et dans la « finition » de la programmation génétique) est de 60 % du cycle chez le nouveau-né contre 25 % chez l’adulte.
- Les réveils nocturnes sont fréquents et ne s’arrêtent pas toujours miraculeusement à 3 mois. Ainsi une étude finlandaise faite sur 270 bébés âgés de 0 à 12 mois a constaté que, jusqu’à 3 mois, 90 % se réveillaient une à deux fois par nuit ; entre 3 et 5 mois, près des trois quarts se réveillaient une à deux fois ; les deux tiers entre 6 et 8 mois ; et encore 47 % entre 9 et 12 mois.
- Si les réveils nocturnes sont si répandus, c’est peut-être bien qu’ils ont leur utilité. De fait, beaucoup relient ces réveils à l’immaturité du petit humain à la naissance et pensent qu’ils ont entre autres un rôle de prévention de la mort subite du nourrisson. Une autre hypothèse serait que les réveils nocturnes ont pour but d’augmenter la durée de l’aménorrhée lactationnelle, et donc minimiser la possibilité de survenue rapide d’une nouvelle grossesse, afin de prolonger l’investissement maternel auprès de l’enfant, et augmenter ses chances de survie [1].
- Quand on suit une méthode d’« entraînement au sommeil » (Ferber et ses variantes) en laissant pleurer le bébé, on aboutit selon une étude parue en 2012 [2] au résultat suivant : des bébés n’exprimant plus leur détresse en pleurant, alors que leur taux de cortisol reste élevé, ce qui laisse à penser qu’ils sont toujours stressés mais ont renoncé à le manifester ; et des mères qui, n’étant plus alertées par les pleurs de leur bébé, voient leur taux de cortisol fortement abaissé, et sont devenues insensibles à ces pleurs…
[1] Troubled sleep – Night waking, breastfeeding and parent-offspring conflict. Haig D. Evol Med Public Health 2014 ; 1 : 32-9.
[2] Middlemiss W et al., Asynchrony of mother-infant hypothalamic-pituitary-adrenal axis activity following extinction of infant crying responses induced during the transition to sleep, Early Hum Dev 2012 ; 88(4) : 227-32.
Illustration : détail de la couverture de Peps n° 18, dessin de Lise Desportes.