Le centenaire de la loi sur les pauses et chambres d’allaitement
La Première Guerre mondiale vit arriver dans les usines un afflux supplémentaire de femmes, venues remplacer les hommes partis au front. Ce n’est donc pas un hasard si la législation sur les pauses et les chambres d’allaitement, destinée à faciliter la poursuite de l’allaitement par les ouvrières, date du 5 août 1917, il y a tout juste un siècle.
Dans une brochure du ministère de l’Armement et des Fabrications de guerre publiée début 1917, donc avant même le vote de la loi, le ministre Albert Thomas demandait « que dans toutes les usines de guerre où sont occupées des femmes qui allaitent leur enfant, des chambres d’allaitement soient organisées ». La chambre d’allaitement devait « être proche de l’atelier et permettre à la mère de venir allaiter vers neuf heures et quinze heures, pendant une demi-heure qui sera payée par le patron ou l’Association patronale ». Les bébés pas ou plus allaités étaient quant à eux accueillis dans une « crèche au biberon ».
La législation de 1917 était aussi le résultat des efforts de patrons paternalistes (notamment dans le Nord et l’Est de la France) qui, dès les années 1880, avaient installé dans leurs usines des chambres d’allaitement ou des crèches, non seulement dans un souci de santé publique mais aussi pour fixer la main-d’œuvre féminine. À Pantin (Seine-Saint-Denis), la crèche du Dr Pellat, ouverte en 1891, disposait ainsi d’une pièce où les ouvrières de la Manufacture des tabacs voisine pouvaient venir allaiter leur bébé dans la journée.
Les féministes de l’époque avaient elles aussi lutté pour que les travailleuses qui allaitent disposent de droits spéciaux. Elles se réjouirent donc du vote de la loi, tout en regrettant la durée trop courte prévue pour les tétées et en se plaignant par la suite de sa mauvaise application.
À lire :
- « La chambre d’allaitement dans les usines », n° 2300 (27 octobre 1917) de la revue La Nature. Revue des sciences et de leur application à l’art et à l’industrie.
- Ligue contre la mortalité infantile, La chambre d’allaitement dans les usines et magasins, 1917.
- La Revue philanthropique, 1913-1914, 34 : 686-7.
- Gabrielle Letellier, Les Chambres d’allaitement dans les établissements industriels et commerciaux, 1920.
Mise à jour août 2019
Le projet de loi de transformation de la fonction publique (adopté le 23 juillet 2019) contient un article 46 qui dit : « Pendant une année à compter du jour de la naissance, un fonctionnaire allaitant son enfant peut bénéficier d’un aménagement horaire d’une heure maximum par jour, sous réserve des nécessités du service, et selon des modalités définies par décret en Conseil d’État. » Voir sur le site de LLL France Travail et allaitement, ce que dit la loi.
Plus d’infos sur la loi de 1917, son historique, sa postérité, etc., dans le diaporama à télécharger ICI
À lire également Histoire de l’allaitement au 20e siècle.
Photo : Dans l’usine métallurgique de Pamiers, février 1916.