Des bébés sous antidépresseurs ?!
On connaissait depuis déjà pas mal d’années le cas de tous ces enfants (surtout aux États-Unis, mais la « mode » a gagné l’Europe) mis sous Ritaline parce qu’ils sont « agités » et diagnostiqués TDAH [1].
Mais fin 2015, je suis tombée sur un article du site slate.fr qui m’a vraiment fait bondir [2].
Bébés sous antidépresseurs
On y disait qu’« aux États-Unis, lorsque des bébés de moins de 2 ans ont des comportements violents ou font des crises difficiles à gérer, il est de plus en plus fréquent que des médecins leur prescrivent des antipsychotiques ou des antidépresseurs ».
Les chiffres font froid dans le dos : « Près de 20 000 prescriptions pour des médicaments antipsychotiques comme le rispéridone (Risperdal) ont été rédigées en 2014 pour des enfants de moins de 2 ans […] et 83 000 prescriptions pour l’antidépresseur Prozac ont été données à des bébés du même âge […] Près de 250 000 bébés de moins de 1 an ont également reçu des prescriptions pour des anxiolytiques comme le Xanax. » [3]
Cette tendance à médicaliser les troubles du comportement dès le plus jeune âge est sûrement plus forte aux États-Unis que chez nous, mais elle n’en reste pas moins très inquiétante.
Plus de troubles autistiques ?
L’autre « tendance » inquiétante, c’est l’augmentation très nette des diagnostics d’autisme et de troubles du spectre autistique. Et là, la question se pose : ces cas sont-ils réellement en augmentation, ou bien sont-ils mieux diagnostiqués qu’avant [4], ou encore s’agit-il de surdiagnostics ou de faux diagnostics ?
Difficile de répondre. Mais ce qui semble sûr, c’est qu’une partie de ces cas peuvent être attribués à des facteurs environnementaux : pollution de l’air [5], perturbateurs endocriniens, exposition aux pesticides pendant la grossesse [6]…
L’ocytocine toujours
Quel rapport, me direz-vous, avec le maternage proximal et la parentalité sans violence ? Eh bien, l’ocytocine !
On sait maintenant qu’administrer de l’ocytocine à des enfants autistes améliore grandement leur état [7]. Or que provoquent les pratiques du maternage proximal, sinon un bain continu d’ocytocine ?!
C’est notamment le cas pour l’allaitement. Lequel pourrait jouer un rôle préventif pour une autre raison encore : si, comme le pensent de nombreux chercheurs, l’autisme du jeune enfant résulte d’une démyélinisation des neurones du cerveau, elle-même liée à un apport insuffisant en IGF (facteur de croissance apparenté à l’insuline), et sachant que le lait maternel est une source relativement abondante de cette protéine, on peut raisonnablement faire l’hypothèse que l’allaitement, en augmentant le taux d’IGF, pourrait compenser la déficience innée, et que la durée d’allaitement serait corrélée à une diminution de l’incidence de l’autisme [8].
Du lait maternel plutôt que des anxiolytiques et des antidépresseurs [9], je vote pour !
[1] Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité.
[2] Aux États-Unis, on prescrit de plus en plus d’antidépresseurs aux bébés.
[3] Sachant par ailleurs que ces médicaments ne sont officiellement approuvés que pour les enfants de plus de 8 ans…
[4] C’est ce que dit cet article de Libération : Autisme : la hausse du nombre de cas due à un meilleur diagnostic.
[5] En 2013, des chercheurs de la faculté de médecine de Californie du sud ont montré dans une étude que l’exposition à la pollution de l’air augmentait le risque d’autisme chez les enfants ayant un terrain génétique favorable.
[6] Pesticides et grossesse : risque d’autisme pour l’enfant.
[7] Deux doses quotidiennes d’ocytocine, un traitement pour l’autisme ?
[8] Steinman G, Mankuta D, Breastfeeding as a possible deterrent to autism – A clinical perspective, Med Hypotheses, 20 septembre 2013.
[9] Nombreuses sont les études montrant que les enfants allaités et maternés souffrent beaucoup moins de troubles du comportement quels qu’ils soient.
Cette chronique est parue dans le n° 58 de Grandir autrement, mai-juin 2016.