Protection et encouragement de l’allaitement : état des lieux
En mai 2016, l’OMS, l’UNICEF et IBFAN publiaient un rapport faisant l’état des lieux en ce qui concerne les lois destinées à protéger et à encourager l’allaitement dans les différents pays du monde [1].
Selon le rapport [2], « sur les 194 pays analysés, 135 disposent d’une forme d’instrument juridique liée au Code international de commercialisation des substituts du lait maternel et aux résolutions qui en découlent adoptées ultérieurement par l’Assemblée mondiale de la santé (le Code). Cela représente une hausse par rapport aux 103 de 2011, l’année de la dernière analyse de l’OMS. Néanmoins, seulement 39 pays ont des lois intégrant l’ensemble des dispositions du Code, une légère augmentation par rapport à 37 en 2011 ». Et « il y a toujours un trop grand nombre d’endroits où les mères sont inondées d’informations incorrectes et tronquées par l’intermédiaire de la publicité ou l’allégation de bénéfices pour la santé non confirmés ».
Il n’est guère besoin de préciser que la France ne fait pas partie des 39 pays qui « disposent d’une législation incluant l’ensemble ou la plupart des dispositions du Code », mais de ceux qui intègrent seulement « quelques dispositions » du Code dans leur législation…
Quelque temps auparavant déjà, la France avait été mal notée par le Comité sur les droits de l’enfant (CRC) et par IBFAN.
Le CRC est le corps d’experts indépendants qui contrôle l’application de la Convention internationale des droits de l’enfant des Nations unies par les gouvernements qui l’ont ratifiée. Ceux-ci doivent soumettre des rapports réguliers et détaillés sur la situation nationale de droits des enfants au Comité pour examen. Le Comité examine chaque rapport et soulève des préoccupations ou fait des recommandations à l’État concerné. Après examen du dernier rapport français, le CRC s’est dit préoccupé par le faible taux d’allaitement exclusif et la mauvaise mise en application du Code OMS, et a recommandé à la France de faire des efforts sur ces deux points [3].
Quant à IBFAN, dans son Rapport sur la situation de l’alimentation infantile en France paru en janvier dernier [4], il pointait d’autres « manquements » de la France en matière d’allaitement : faibles taux d’allaitement par rapport aux autres pays européens, pas de politique nationale de promotion de l’allaitement, très peu de maternités IHAB, congé maternité trop court, pauses allaitement non payées, etc.
Quand donc la France cessera-t-elle d’être la mauvaise élève en matière d’allaitement ?
[1] Communiqué de presse conjoint OMS/Unicef/IBFAN.
[2] Commercialisation des substituts du lait maternel : mise en œuvre du code international à l’échelle nationale : rapport de situation 2016.
[3] Consideration of the reports submitted by States parties under article 44 of the Convention. Fifth periodic reports of States parties due in 2012, France, janvier 2015, p. 434-438.
[4] http://tbinternet.ohchr.org/Treaties/CRC/Shared%20Documents/FRA/INT_CRC_NGO_FRA_22504_E.pdf
Éditorial paru dans Allaiter aujourd’hui n° 108, juillet 2016