Différentes façons de dormir ensemble

Différentes façons de dormir ensemble

Les bienfaits du sommeil partagé [1] résident sans doute moins dans un type d’agencement matériel que dans le fait de favoriser une disponibilité optimale des parents pour l’enfant tout en préservant le sommeil de tous. Bien sûr, de nombreux parents qui ne pratiquent pas le cododo n’en sont pas moins prompts à répondre aux appels nocturnes de leur progéniture. Néanmoins, le sommeil partagé permet une proximité qui facilite grandement la vie nocturne de toute la famille. Voici quelques façons bien pratiques de répondre aux besoins de son enfant, la nuit aussi.

Le lit partagé

Avoir le bébé dans son lit est sans aucun doute la forme de sommeil partagé la plus évidente. Et souvent, elle se fait sans qu’on y ait vraiment réfléchi avant. Le cas classique est celui de la mère qui retire le bébé de son berceau pour l’allaiter, se recouche avec lui au sein, s’endort pendant la tétée et constate, en se réveillant quelques heures plus tard, que le bébé est toujours là. Étonnée et ravie d’avoir aussi bien dormi, elle se dit qu’il serait plus simple et agréable pour tout le monde de passer toute la nuit ainsi.
Partager son lit avec son enfant nécessite un certain nombre de conditions [2], et aussi… un minimum de place. Il sera beaucoup plus facile de le faire dans un lit bas de 1,80 m de large que dans un lit étroit et haut où l’on se gênera, où l’on aura peur que l’enfant tombe par terre, etc. D’autant que si les nouveau-nés ont tendance à se coller contre le corps de l’adulte, en grandissant, beaucoup ont tendance à « s’étaler » : on connaît notamment ceux qui dorment « en H », la tête contre maman et les pieds contre papa (ou l’inverse) !
Ajoutons que dormir à trois, cela s’apprend, comme dormir à deux ; dormir régulièrement avec son enfant depuis la naissance, ce n’est pas la même chose qu’essayer le sommeil partagé avec un bébé de quelques mois avec lequel on se « bagarre » depuis quelque temps déjà autour du sommeil. Si les parents prennent l’enfant dans leur lit en désespoir de cause, parce qu’ils sont au bord de l’épuisement à force de se lever plusieurs fois par nuit pour le rendormir, il arrive que cela ne se passe pas bien, que les nuits soient encore plus chaotiques, et que le sommeil partagé soit alors rejeté comme une fausse bonne solution.

Le lit en « side-car »

Cette solution peut être un bon compromis entre le bébé dans le lit des parents et le bébé dans son propre lit ou berceau. Chacun a son propre espace, mais le passage de l’un à l’autre est très facile, ce qui permet une grande souplesse en cours de nuit. Concrètement, il s’agit d’accoler le lit du bébé au lit des parents, sans qu’il y ait de séparation entre les deux, en veillant à ce que les matelas soient bien à la même hauteur et qu’il n’y ait aucun espace où le bébé pourrait se coincer.
On trouve maintenant dans le commerce des « lits cododo », mais l’on peut aussi utiliser un lit à barreaux dont on enlève un des côtés, ou fabriquer soi-même un « side-car ». Voici comment Hélène décrit ce qu’une autre mère appelait « l’annexe » : « Quelle que soit la méthode choisie, l’objectif est le même : agrandir l’espace de chacun. Les avantages en sont multiples : le bébé possède ses propres couvertures, si bien que la maman, quand elle se retourne, ne risque pas de le réveiller en entraînant le drap. Le papa et la maman, en retrouvant chacun leur place dans le lit retrouvent également leur intimité. Ma construction était tout à fait sommaire : un petit coffre, une table de nuit, un fauteuil en mousse, le tout recouvert d’un petit matelas, suffisaient à aménager le lit de Louise. Un gros coussin comblait le vide du côté du mur pour qu’elle ne puisse pas tomber. L’important, c’est que le matelas du bébé et celui de la maman soient exactement au même niveau, afin d’éviter d’avoir à manipuler le bébé : lorsqu’il réclame le sein la nuit, pas besoin d’allumer ni de l’ajuster à la bonne hauteur, de s’asseoir ou de se pencher dans le vide ; il suffit de rouler légèrement sur le côté pour l’allaiter. Et il est possible à la maman de donner le sein tout en dormant, sans être le moins du monde ankylosée. »

Un lit dans la chambre des parents

L’enfant peut partager la chambre des parents sans partager leur couche. Il peut être dans un berceau, dans un petit lit, sur un petit (ou grand) matelas par terre, assez près du lit des parents pour que ceux-ci perçoivent ses signaux, et inversement. Sandrine explique : « Rémi dort sur un grand matelas, ce qui me permet de dormir près de lui sans que son papa ne soit dérangé, et de le laisser téter jusqu’à ce qu’il dorme profondément. »
Certaines familles adoptent la solution japonaise des futons juxtaposés en accolant plusieurs matelas qui peuvent couvrir toute la surface au sol de la pièce et ainsi accommoder plusieurs enfants d’âges différents. Katy raconte : « Diego dormait depuis sa naissance près de moi sur un lit accolé à notre grand lit de couple. Et il y est toujours, car, à 19 mois, il tète toujours de jour comme de nuit ! D’ailleurs Théo, notre aîné, nous a rejoints. La chambre est donc pleine de nos trois lits sur une largeur de 3,40 m : merveilleuse aire de gym avec Papa ! »
Dans d’autres familles, tout le monde dort dans la même chambre, mais sur des couchages séparés. Frédérique explique : « Nous dormons tous dans la même chambre : Elie dans son lit et Isabelle dans le sien collé à celui de papa et maman. »

Cododo à temps partiel

L’enfant peut aussi, soit dès le début soit en grandissant, ne passer qu’une partie de la nuit avec ses parents. Par exemple, on le couche dans sa chambre pour le début de la nuit, et à son premier réveil, l’un des parents va le chercher (ou il vient tout seul, s’il est assez grand pour cela), et il passe le reste de la nuit dans leur chambre, ou leur lit. Danièle explique : « Nous avons transporté notre lit dans sa chambre, plus grande que la nôtre, ce qui permettait d’installer son petit matelas à côté de notre lit. À partir de 1 an, quand il a commencé à marcher, nous avions le système suivant : je l’endormais dans notre ancienne chambre sur un gros coussin de canapé et au premier réveil, il venait dans sa chambre sur son petit matelas où il pouvait basculer dans notre lit pour téter selon ses besoins. » Ou Corinne : « Le soir, Léonard se couche dans son lit et dans sa chambre, et au premier réveil, qui se produit entre 23 h et 1 h du matin, l’un de nous va le chercher. Il tète, et nous nous rendormons tous bien vite dans notre grand lit, devenu lit familial. »
Autre solution possible : l’enfant s’endort dans sa chambre, et au premier réveil, c’est l’un des parents (la mère s’il y a allaitement) qui le rejoint pour un moment ou pour le reste de la nuit. Isabelle raconte ainsi : « Pierre-Louis se réveillait régulièrement une à deux fois par nuit. J’ai alors changé son petit lit pour un matelas de 1,60 m à même le sol. Cela n’a pas amélioré son sommeil, mais m’a permis de l’allaiter allongée. Vers 1 an, j’ai ainsi passé quelques nuits avec lui quand il se réveillait trop souvent. »
Une mère parle de « cododo mouvant » : « J’endors ma fille, puis je retourne avec le papa, et quand celui-ci s’endort, je retourne finir ma nuit avec bébé ; parfois, au petit matin, je retourne avec mon chéri. C’est un peu haché comme nuit, mais c’est ce qui me plaît le plus pour l’instant. »
Ce sont de bonnes solutions pour des parents qui souhaitent avoir leur intimité en début de nuit, ou comme transition entre le cododo et des chambres séparées.

 

[1] Voir mon petit Jouvence Partager le sommeil de son enfant.
[2] Voir 7 conditions pour partager le lit avec son bébé en toute sécurité.

 

Cet article est paru dans le n° 47 de Grandir autrement, juillet 2014.

About The Author

Claude Didierjean-Jouveau

Animatrice de La Leche League France, rédactrice en chef de la revue "Allaiter aujourd'hui !" Auteur de plusieurs ouvrages sur l'allaitement, la naissance et le maternage.

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