Alloparents et sièges auto
Comment pratiquer un maternage proximal sans se retrouver complètement épuisés ? La solution ne serait-elle pas de recourir aux alloparents ?
Alloparents ? Non, non, il ne s’agit pas d’une hotline pour aider les parents en détresse ! Quoique… il s’agit bien d’aide. Les alloparents, ce sont tous les proches de la mère, adultes et plus grands enfants, parents et voisins, qui peuvent être amenés à s’occuper de l’enfant [1].
Ce sont tous les « bras supplémentaires » qui peuvent porter le bébé. C’est la voisine qui garde un œil sur le bébé pendant que la mère va chercher le grand à l’école, ou qui récupère ce dernier en même temps que les siens.
Justement, parlons-en. Quand mes enfants étaient petits, nous nous étions organisés à quatre familles pour aller en alternance chercher les enfants à l’école, les emmener à leurs diverses activités extra-scolaires (ils avaient le bon goût de vouloir faire les mêmes…), voire les faire manger le midi pour ceux dont la cantine n’était vraiment pas la tasse de thé. Ce système a fonctionné pendant des années, depuis les 3 ans de mon aîné jusqu’aux 11 ans de mon troisième (tout le monde avait eu des enfants à peu près en même temps), à la satisfaction générale des parents et des enfants.
Plus difficile aujourd’hui ?
Depuis, il m’arrive régulièrement de parler à de jeunes mères de ce système d’entraide, notamment quand elles se plaignent d’être coincées entre les différentes conduites et reconduites à l’école ou ailleurs. Mais la réponse est presque toujours : « Ah non, chez nous, ce ne serait pas possible. »
Mais pourquoi ? Eh bien, il est difficile de trouver des parents intéressés : certains ne veulent pas s’occuper des enfants des autres, ou ne désirent pas que des personnes étrangères s’occupent de leurs enfants ; d’autres ne partagent pas les mêmes valeurs éducatives.
Sans parler des problèmes logistiques. Loin de moi l’idée de remettre en cause l’intérêt et la nécessité de bien attacher les enfants en voiture. Mais lorsque chacun doit être dans un siège qui occupe pratiquement la moitié de la banquette arrière, il est hors de question d’en entasser trois ou quatre à l’arrière, comme on le faisait sans états d’âme dans les années 1980… À moins donc de disposer d’un minibus [2] ou d’habiter un endroit où l’on peut tout faire à pied, impossible de s’organiser comme nous l’avons fait à l’époque.
Pourtant, dans une société où les alloparents « naturels » (grands-parents, sœurs, cousines…) sont souvent loin et/ou indisponibles, il est vraiment vital, aussi bien pour les parents que pour les enfants, de créer autour de soi cette « coopérative de maternage » dont parle Sarah Blaffer Hrdy dans son livre sur les alloparents [3]. Les associations de parents, qui fleurissent un peu partout en France depuis quelques années, peuvent être de bons endroits où créer ces « coopératives ». On ne se contente pas en effet d’y apprendre à nouer une écharpe de portage ou à utiliser les couches lavables. On y fait aussi et surtout connaissance de parents de jeunes enfants proches géographiquement et compatibles sur le plan des valeurs éducatives, avec lesquels on pourra plus facilement pratiquer le partage et l’entraide !
Car, comme le dit bien le proverbe africain, « il faut tout un village pour élever un enfant ».
[1] Voir mon post sur le blog de Mme Déjantée : http://lesvendredisintellos.com/2012/02/02/retour-sur-mere-pere-et-alloparents-guest/.
[2] Ou d’un triporteur pouvant transporter jusqu’à quatre enfants dans sa malle !
[3] Mothers and Others : The Evolutionary Origins of Mutual Understanding, The Belknap Press, 2011. Paru en 2016 aux éditions L’Instant présent sous le titre Comment nous sommes devenus humains, Les origines de l’empathie.
Cette chronique est parue dans le n° 36 de Grandir autrement.
Un beau concept pour un besoin durement ressenti dans les premiers temps où on se retrouve isolée avec un bébé, loin de la famille, dans un coin où on ne connait pas d’autres familles avec de jeunes enfants. Si on n’a pas d’alloparents tout faits – il faut en chercher!